L’Île des esclaves oubliés et trahis – condamnés à une mort lente

A PRÉSENT QUELQUES INTERROGATIONS !

Félicitations à Thomas Romon, Max Guérout et à tous ceux qui ont fait des recherches pour vulgariser l’histoire terrible de ces esclaves abandonnés à Tromelin et qui y ont passé quinze ans dans un dénuement total. J’ai essayé de faire un recoupement des informations et autres travaux. Il me reste des questions coincés dans l’esprit.

Une fois cette reprise faite de l’événement à partir de ces sites notés et bien d’autres encore, il me reste en travers de la gorge plusieurs interrogations diverses et variées que je voudrais partager avec vous.

J’en garde six cas, à chaque cas une grande question sur ces naufragés, esclaves malgaches.

Cas 1 –

Dans la soirée du 1er octobre 1761, La Providence arrive rapidement à bon port au comptoir de traite de Foulpointe, sur la côte Est de Madagascar, là où les esclaves -fruits de razzias clandestines- avaient été achetés alors que la traite était provisoirement interdite. Le chef d’escadre Froger de l’Éguille recueille le témoignage du capitaine Lafargue, qui raconte l’aventure en détail. Il minimise toutefois le nombre d’esclaves abandonnés sur l’île, puisqu’il déclare qu’ils sont 60 au lieu de 82. Ce n’est pas là le discours de quelqu’un qui aurait perdu la tête ! Et pourtant c’est ce qu’on avait dit tout simplement lorsqu’il resta prostré et traumatisé par la destruction de la Flûte l’Utile.

Pourquoi ne survit-il pas au voyage retour de Madagascar vers l’île Bourbon à bord du bateau Silhouette ? On dit qu’il est mort de maladie – fièvres malgaches – quelques heures avant l’arrivée : est-ce vraiment la cause de sa mort ?

Plus grave, comment expliquer la disparition dans les arcanes de l’administration du rapport rédigé par le chevalier de Tromelin, ramenant les 8 survivants ?

L’archéologue Max Guérout estime que l’histoire étant extraordinaire, « la personne à qui le rapport a été adressé a dû s’empresser d’aller le montrer à son voisin et le document a fini par rester dans un bureau, sans qu’on pense à le récupérer pour l’archiver. » Ne nous faut-il pas une bonne dose d’angélisme pour aller croire une chose pareille avec des professionnels aussi pointilleux que des archivistes ! Dans ce cas, on peut légitimement se demander combien d’autres rapports ont subi un tel sort si définitif ?

Cas 2 – « On dit que Castellan promet à son équipage ainsi qu’aux soixante esclaves restés sur l’île de revenir les chercher »

J’analyse cette promesse et je ne comprends pas toutes ses motivations ? Car ces femmes et hommes abandonnés sont des esclaves clandestins. On reviendrait les chercher en tant qu’esclaves ? Ou en hommes libres ? On reviendrait les chercher pour des raisons humanitaires ? Ni Castellan, ni ses autres complices n’ont été ni accusés encore moins poursuivis pour détention illégale d’esclaves à leur retour à l’Île de France ! Disons que selon les contextes de l’époque, la chose était impossible. Puisqu’on apprend que la flûte l’Utile, un trois-mâts, gros bateau est, pour le compte de la Compagnie française pour le commerce des Indes orientales affrété par Jean-Joseph de Laborde qui était un banquier de Louis XV, première fortune de France. Ce négociant est un personnage double et vicieux comme les grands capitalistes savent l’être : parfois mécène des artistes et d’autres fois, négrier, pour renflouer ses caisses. L’Utile un navire aux formes trapues, optimisé pour le transport, peu coûteux à produire, est confié à Jean de La Fargue, 57 ans, parce qu’il est également un spécialiste de la traite. http://www.lepoint.fr/actualites-sciences-sante/2007-01-17/les-naufrages-de-tromelin/919/0/15068

En conclusion, malgré l’interdiction formelle du gouverneur, La Fargue embarque sciemment les esclaves sous l’ordre de son armateur. Parce qu’ils comptaient sur une forme d’immunité ou d’impunité… Il n’était donc pas dans l’intérêt des décisionnaires de cette embarcation d’aller rechercher les sujets de leur délit ! Malgré qu’on dise que Castellan, le commandant en second secoué par sa conscience a toujours plaidé la cause des oubliés. 

Cas 3 –

Dans le livre de Dominique LE BRUN intitulé « Les naufragés : Témoignages », on lit ceci suivant la traduction du texte de Dubuisson de Keraudic 1761 :

“Ils ne sont pas exprimables, les secours que nous avons tirés depuis le premier moment jusqu’au dernier de ces malheureux esclaves que nous avons été obligés d’y abandonner à la honte de tous. Excepté une vingtaine, tant de l’état-major que de l’équipage qui ont surpassé la force et le courage humain par leurs travaux et peines continuelles.

Ce qui prouve clairement que les 122 rescapés dont 121 ont rallié sains et saufs l’Ile de France – Ile Maurice, doivent leur vie aux travaux de forcenés réalisés par les abandonnés. Ce fut donc évidemment à la fois sous la contrainte -puisqu’ils ont toujours été désignés comme des esclaves et rien d’autres- et sous le mensonge éhonté consistant à leur faire croire qu’on reviendrait les chercher que les choses s’étaient faites.

  • Alors que le nombre d’esclaves est bien établi, on lit sous la plume de Jean-Yves Le Lan en date du jeudi 12 mars 2009, dans l’article Le Naufrage de l’Utile, une phrase qui tend à minimiser ce nombre « Mais Jean de La Fargue, capitaine de l’Utile, enfreint les ordres et embarque à Foulpointe des esclaves (nombre non connu mais aux environs de 100 probablement) ». Pourquoi ?
  • https://www.histoire-genealogie.com/Le-Naufrage-de-l-Utile
  • https://www.histoire-genealogie.com/_Jean-Yves-Le-Lan – Jean-Yves Le Lan, né à Lorient en 1949, ingénieur, retraité en 2001, il s’est penché sur la vie de ses ancêtres et en particulier à ceux ayant eu des activités maritimes, le service pour la marine royale et pour la Compagnie des Indes…

Cas 4 –

Un petit navire, la Sauterelle, leur avait donné l’espérance d’être enfin délivrés. Nous sommes en 1774. Mais il s’en éloigna précipitamment après y avoir débarqué un matelot. Cet homme, victime ou puni, bourreau ou condamné, humaniste ou bagnard était dans tous les cas, abandonné par le navire et ses camarades. Hasard ou plan prémédité ? Pourquoi cet abandon ? Est-ce seulement à ce moment-là que l’équipage de la Sauterelle se posait la question suivante : fallait-il persister ? Au fait, pourquoi secourir à présent des esclaves qui à la base étaient obtenus illégalement et condamnés à la mort par abandon ?

On dit que cet homme, dont je n’ai trouvé pour le moment le nom mentionné nulle part aurait pris ensuite le parti désespéré de se rendre à Madagascar sur un radeau en embarquant avec lui trois hommes et trois femmes. Comment furent-ils choisis ? Combien de survivants avait-il précisément trouvé sur place ? Comment les trois hommes pourraient-ils allègrement accepter ce départ sur un radeau de fortune ? Et vers où ? Etaient-ils contraints ou volontaires ? Esclavage encore ou liberté ?

Chose incroyable, Chose incroyable, il embarque les trois derniers hommes en abandonnant pour une dernière condamnation à mort rien que des femmes, 7 autres survivantes. Avant de partir un des hommes parmi les partants savait qu’il avait fécondé une des abandonnées (ce départ a certainement été vécu comme une grosse trahison de ces hommes surtout le futur papa) en juin ou juillet 1974. Celle-ci réussit à porter sa grossesse à terme. Dans ses bras un bébé de huit mois au dernier sauvetage. Que dire d’autres, sinon une sournoise décision de l’administration d’oublier et d’étouffer définitivement l’histoire de cet abandon ?

Cas 5 –

Le jour même de l’arrivée à Port-Louis, le 15 décembre 1776, Jacques Maillard du Mesle, Intendant de l’Île de France, accueille en personne dans sa maison la mère et son fils ainsi que la grand-mère, les seules à avoir une histoire à raconter. Ce trio vivra chez lui. Il les déclare libres et leur proposa de les ramener à Madagascar. Ce que les dames refusèrent, dit-on ! Maillard décide alors de baptiser l’enfant Jacques Moyse (Moïse). La grand-mère est renommée Dauphine du nom de la corvette qui a ramené les naufragés. Et la mère, au nom malgache de Semiavou qui signifie qui n’est pas orgueilleuse, devient Eve.

Max Guérout dit qu’une dame lui révèle aussi, une autre fois, que sa grand-mère (ou son grand-père) avait comme nom celui d’un bateau négrier « l’Utile ». Il n’en dit pas plus sur le tracé de cette transmission issue de l’oralité.

Pourquoi autant de générosité envers des négresses dont la mort n’a pas voulu ? Comment comprendre ce phénomène ? Rappelons que le Décret pour abolition de l’esclavage en France rédigé par Victor Schœlcher ne sera signé que le 27 avril 1848 soit, tenez-vous bien, 72 ans plus tard ! Quel remords dicte cette sollicitude débordante alors que l’esclavage est toujours en cours ? Si ne n’est le désir politique du gouverneur et de son administration de bâillonner ces femmes maudites d’être des survivantes ? 

(En 1790, Mirabeau comparera les navires négriers à des cercueils flottants, mais il faudra attendre 1848 pour que l’esclavage soit définitivement interdit dans les colonies.

1ère abolition : 4 fév. 1794, initié par l’Abbé Grégoire – Rétablissement par Napoléon le 20 mai 1802 – 2ème abolition : 27 avril 1848, initié par Victor Schoelcher)

Cas 6 –

Sous le titre « Moïse » par Camille Payet, publié le 29 mars 2010 sur le blog de Monique MERABET sous sa rubrique Les dix mots (7), http://patpantin.over-blog.com/article-les-dix-mots-6-47559213.html, l’auteur revendique une certaine parenté avec Soha, prénom malgache de la mère du garçon qui sera rebaptisé Moïse par Jacques Maillard du Mesle, Intendant de l’Île de France . Dans les textes recueillis, elle était dénommée Semiavou.

Donc Soha aura eu 20 ans en 1761. Elle a accouché en avril ou mai 1776 de Mahévo, ainsi nommé en souvenir de son père Mahavel. Mieux encore, le garçon aura un nom malgache Moïse Rakotoandroo, soit (Mahévo fils de Mahavel Rakotoandroo) pour une identité plus complète dit-il !

Cet élément qui ne peut être qu’issu de recoupements oraux altérés montre, s’il y a du vraisemblable, deux choses. 1- Qu’il y a une mémoire orale qui a traversé les époques sur le sort des esclaves malgaches naufragés et rescapés à l’Ile des sables. D’ailleurs, l’homme à qui il faut rendre un hommage particulier pour son travail et son opiniâtreté c’est Max Guérout. Il affirme lui-même qu’il n’a accordé de l’importance à la question des oubliés de l’Ile des Sables que sur l’insistance d’un météorologue travaillant sur l’Ile de Tromelin où trois personnes vivent. Les esprits de ces ancêtres ne se sont-ils pas manifestés à lui, d’une façon ou d’une autre ? A rechercher !

2- Que les esclaves, puisqu’ils viennent de la même île ou même du même site, se connaissaient probablement. Car un nom de famille comme Rakotoandroo – ne figurant plus dans l’annuaire – ne peut pas sortir du néant.

Il estime en être un « très lointain descendant ». Soha, son aïeule, esclave malgache, parmi les rescapés à l’Ile des Sables aura connu seulement à 33 ans, l’un des derniers braves parmi les rescapés, Mahavel. Etonnant ! Décrit comme beau « un apollon à la musculature impressionnante », on peut se demander pourquoi n’est-il pas parti avec la première vague de départ des 18 personnes qui ont embarqué sur un radeau de fortune de leur construction ? selon les témoignages des 7 femmes ?

Même si je considère ce texte beaucoup plus comme un voyage poétique dans l’histoire qu’un témoignage, deux choses me chiffonnent là-dessus.

Je me demande pourquoi l’auteur fait revenir Soha sur son île ? « Soha, son fils, ses compagnes, regagnent leur île natale, Madagascar. La mère et le fils retrouvent enfin leur village, leur famille. Tout a bien changé ». 

Selon les textes recueillis, elle refusait le voyage ! Ensuite, pourquoi on a le vrai nom de Moïse sans aucune autre piste sur les traces de son père ?

Trop de questions malheureusement resteront sans réponse sur cette affaire de l’île des Sables tout simplement parce que « si les lions avaient leurs propres historiens tous les glorieux faits de chasse ne seraient pas en faveur des chasseurs. »

Autres lectures utiles en complément d’information :

  1. Lecture instructive en complément : http://www.cosmovisions.com/esclavage.htm – Tout savoir sur l’esclavage
  2. https://journals.openedition.org/insitu/10182 – sur les oubliés de Tromelin
  3. https://journals.openedition.org/carnets/2188, Vers une post mémoire de la traite et de l’esclavage ? par Fabrice Schurmans
  4. Réflexions sur l’esclavage des nègres, texte de Nicolas de Condorcet publié en 1781 http://paulf.tk/files/school/1S/French/R%3Fflexions%20sur%20l’esclavage%20des%20n%3Fgres,%20Condorcet%20(1781).pdf – Dénonciation de la pratique de l’esclavage jugé comme un véritable crime. Il plaide pour une suppression progressive de l’esclavagisme en expliquant que si cela n’est pas possible demain, l’abolition est un objectif réalisable sans trop de difficulté économique. Son opposition à l’esclavage se fait au nom de droits naturels de l’humanité…

https://creoleways.com/2014/10/01/esclavage-et-reparations-doudou-diene-souhaite-lannulation-de-la-dette-de-lafrique/ Esclavage et réparations : Doudou Diène souhaite l’annulation de la dette de l’Afrique – entretien par Yacine S

LE CROUTON DE GRAND-PERE

4C’était à l’occasion de l’anniversaire de Grand-père. Il faut dire que cet anniversaire est un événement très spécial. Les cinquante ans de mariage de Papi et Mami se fêteront. 5, un chiffre complet comme les cinq doigts de la main et O, rond comme un œuf qui contient toutes les vitamines. Anniversaire cumulé avec ses quatre-vingt-cinq bougies. Grand-père tenait à nous voir tous réunis autour d’eux. C’est ainsi que nous étions vingt-sept encerclant plusieurs grandes et longues tables mises bout à bout et couvertes de nappes blanches. Enfants, petits-enfants et quelques amis. La famille presqu’au grand complet ! Ce qui faisait le piment de cette occasion exceptionnelle, c’était aussi la présence des jeunes couples à savoir les fiancés des benjamins et benjamines de la troisième génération. L’atmosphère festive était détendue. L’apéritif avait permis de déguster des alcools de tous genres, de la sangria, quelques mélanges exotiques et même du bissap, extraordinaire fleur d’hibiscus à la couleur rouge-sang, agrémenté de jus de gingembre pour adultes. Donc les esprits étaient bien vifs. Personne ne pouvait s’imaginer que la joie immense de Grand-père l’avait porté à boire un coup de trop. Lui toujours si sobre et si responsable ! Je le remarquai lorsqu’il alla, titubant légèrement, s’installer à la place du chef de famille comme l’exige la tradition. Et comme il adore le faire.

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Pour tous les autres, le signal pour passer à table était ainsi donné. Nous savions tous qu’à la droite de Grand-père devait s’installer Grand-mère. Nous savions également tous qu’à l’autre bout opposé devait s’installer oncle Tonyno, l’aîné de Grand-père, fils unique d’une mère inconnue pour qui chacun témoignait du respect parce qu’il était non seulement l’héritier en chef mais également un bon rassembleur. Son seul handicap, il n’avait pas d’héritier, ayant passé trop de temps à chercher sa mère à travers des femmes ménopausées. Son seul défaut, il était plus solide qu’on roc et tenait la famille d’une main de fer… Néanmoins, la place la plus convoitée à ces occasions-là est celle à gauche de Grand-père. J’ai le souvenir qu’à certaines fêtes, elle était restée libre pour l’invité mystère de la dernière heure qui parfois venait. Ou pas. Mais le plus souvent c’est Grand-père qui désignait celui qui méritait de s’asseoir là. Parce que ce dernier avait la chance de recueillir quelques confidences. C’est la place de l’oreille qui dégustait les souvenirs qui arrivaient sur le tard. Et pour ces quatre-vingt-cinq ans, Grand-père n’avait trouvé rien de mieux à faire que de désigner pour cette place d’honneur le seul étranger de l’assemblée, un garçon bizarre, genre albinos, ramené là par sa petite-fille la plus rebelle de la lignée.

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A ce choix, chacun marqua un petit étonnement vu que le patriarche, rien qu’en regardant passer des antillais à la télé, tenait souvent des propos que personne ne pouvait répéter sur la place publique. Ils sont très beaux mais… Une petite rougeur se dessina alors au bout du nez de Grand-mère mais elle ne fit aucun commentaire, comme d’habitude. D’ailleurs, elle parlait peu, refusait systématiquement de contredire son homme, se contentant à peine de maugréer lorsqu’il dépassait certaines limites. Le jeune homme était assez frais, détendu. Sur son visage se dégageait une certaine innocence. On voyait clairement qu’il était lui là, sans a priori et qu’il ne se sentait pas lui-même étranger ni différent d’aucune façon. Il battait les paupières en double, à chaque fois et de façon assez rapprochée. Il avait un beau visage qui plaisait à tous et on pouvait penser que cela lui avait fait gagner l’affection rare de Grand-père aussi.

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La preuve en était que lorsque Grand-mère avait posé juste en face sa corbeille de pain, le frêle jeune homme tendit la main et y attrapa presqu’à la volée le crouton. Mal lui en a pris ! Avant même qu’il ne fit le geste de le rompre pour le porter à sa bouche, Grand-mère le fusilla du regard, l’interrompit prestement avec la formule :
– Oh non, pas le crouton ! Le crouton c’est pour Grand-père !
Le son était sec, direct, incisif. Et cette fermeté mit le jeune homme mal à l’aise et on vit ses narines se contracter et se décontracter nerveusement. Alors la main tremblante, il remit très vite le crouton pendant que Grand-père en riant, l’encouragea à le reprendre en ces termes :
– Prends ce bout de pain et mange-le, pauvre affamé !
Le jeune homme tendit à nouveau le bras mais Grand-mère fut plus rapide et tira la corbeille vers elle. Elle s’empara elle-même du crouton et le posa délicatement sur la serviette de Grand-père. Pendant qu’elle manœuvrait ainsi, elle répéta à haute voix pour que tout le monde l’entende :
– Jeune homme, je te répète que le crouton est réservé à Grand-père et ça, ça se respecte !

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Puis de nouveau, elle remit la corbeille de pain à sa place initiale pensant avoir réglé le problème une bonne fois pour toutes. Mais c’était peine perdue. Car Grand-père se saisit du crouton et le tendit au jeune homme en répétant :
– Prends ce bout de pain et mange-le, pauvre affamé, venu de loin !
En voyant ses yeux exorbités, on sentit monter la colère de Grand-mère. On ne savait plus ce qui la contrariait. Etait-ce le caractère diffamant des propos de son vieux mari ou était-ce le fait qu’une tradition allait être brisée en ce solennel jour de fête ?
Elle tança le jeune homme avec véhémence et lui ordonna de lui remettre ce bout de pain. Puis, se tournant vers Grand-père, elle lui dit d’un ton coléreux :
– Cela fait bien soixante ans que nous nous connaissons, cinquante ans que nous sommes mariés, cela fait donc un bail que tu aimes manger le crouton et que tu le manges au quotidien ! Cela fait bien soixante ans que tu ne laisses personne en profiter. Même pas moi qui suis ton épouse. Et ce n’est pas en ce jour de double anniversaire que cela va changer ! Ce crouton-là, je te jure que c’est pour toi et c’est toi qui va le manger, sinon…
Sur ce, Grand-père rebondit avec vivacité en répondant du tac au tac :
– Sinon quoi ? Sinon, quoi ? Oui ça fait bien cent ans que nous sommes mariés, ça fait bien cent ans que tu m’imposes le bout du pain, je n’aime pas le crouton et je peux te dire que ça me sort par le nez et par les pores que tu me donnes du crouton prétextant que j’aime ça ! Je peux même te dire que j’ai fini par détester cette terrible habitude que j’ai prise de manger le crouton pour te faire plaisir. En ce jour anniversaire enfin, je vais pouvoir me libérer publiquement de cette corvée. Ce crouton-là, je le donne à ce jeune homme et c’est lui qui va le manger. C’est tout ! Désormais ne me sers plus d’extrémité ! Donne-moi les tranches moelleuses dont tu te régales au quotidien en jubilant de me voir me casser le dentier sur le crouton.

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Surprise générale ! Pour la première fois de leur vie, Grand-père et Grand-mère parlent publiquement en élevant la voix. Ce spectacle unique laisse le monde alentour complètement atterré. Personne n’osa placer un souffle plus fort que l’autre, encore moins un mot. Et au cœur de ce lourd silence, on entendit s’élever à travers des sanglots, la voix de Grand-mère accablée, partir dans un monologue. Les eaux calmes sont les plus dangereuses, dit-on.
– Et dire que ça fait soixante ans que Monsieur me prive d’une chose que j’adore particulièrement et maintenant il se permet de se plaindre que c’est moi qui lui imposait de manger les croutons ! Depuis quand m’as-tu proposé de partager avec toi l’un des deux bouts de nos pains ? Pas une seule fois durant toutes ces années. Comment peut-on prétendre manger coup sur coup deux croutons pendant soixante ans en étant forcé et contraint ? Alors qu’on avait toutes les opportunités de s’en priver, ne serait-ce qu’une fois pendant les périodes de maladie. Et moi qui te voyais savourer et jouir sadiquement du crouton avec une voracité sans borne, tu veux aujourd’hui me faire avaler cette couleuvre en disant que tu t’obligeais pour me faire plaisir ! Non, je refuse. Parce que c’est tout simplement inadmissible ! Ce crouton-là, je te jure que c’est pour toi et c’est toi seul qui va le manger, sinon…  6
– Non, ce crouton-là, je ne le mangerai pas ! Pourquoi durant toutes ces années m’as-tu systématiquement servi les croutons sans en garder un pour toi ?
– Pourquoi toutes ces années tu as mangé les croutons que je t’ai servis sans rechigner ?
– Je te le dis et je te le répète, c’était pour te faire plaisir, c’était par amour !
– Et moi qui ai passé soixante ans à te les servir pour te faire plaisir et à m’en priver également par amour. Qu’est-ce que nous avons été cons !
Ils se chamaillèrent ainsi un bon moment encore… Chaque parole grimpant sur l’autre à la vitesse de la voix qui monte en crescendo. Très vite ces deux-là sont devenus esclaves des mots qu’ils n’auraient pas dû prononcer…

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Entretemps, personne n’avait remarqué que l’oncle Tonyno, s’était retiré de la fête ! Son célibat l’avait endurci et cette querelle de couple ne le distrayait plus.
Les enfants et les petits-enfants – sans piper mot – étaient très surpris de voir pour la première fois leurs parents et grands-parents si aimants se déchirer, si publiquement et sans retenue. Au-delà de l’étonnement, de la gêne et du trouble qu’installait cette scène, ils ont tous fini par comprendre que dans tous les couples du monde, une telle situation pouvait être facilement évitée grâce à un bon sens de l’observation et à une qualité indéniable : un dialogue « d’entendants », la communication.
C’est cette aptitude indéfectible que le crouton de Grand-père nous invite à développer.

?                   A Perrine et à Perrin, qui se reconnaîtront !

LES OISEAUX VOYANTS

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“There were two big birds
Sitting on the tree
One named Black bird
One named White bird
Fly away Black bird
Fly away White bird
Come back Black bird
Come back White bird
And enter into the big tree!”SAMSUNG CAMERA PICTURES

Black birdWhite bird

Deux oiseaux immigrés qui volaient au-dessus des nuages, après avoir observé le monde de très haut, décidèrent de se poser sur le plus majestueux des arbres qu’ils aperçurent. C’était un baobab séculaire qui veille depuis toujours sur des gris-gris accrochés à ses branches et des fétiches attachés à son tronc. Personne ne voit tous les talismans enterrés sous ses racines et dans le creux de ses souches. Par contre dans l’intersection, on devait dire l’articulation de certaines de ses branches, creusée par le temps, les années et leurs rides comme autant de calebasses, se cache un secret connu seulement des initiés : ces récipients naturels étaient remplis d’une eau magique qui guérit les plaies têtues et les maladies jugées longtemps incurables. Comment les recueillir ? Là aussi, « seul un vieillard initié entend le criquet éjaculer ! » Les deux oiseaux ayant quitté leur groupe en migration ont pris inconsciemment cette décision car ils savent reconnaître un escargot enceinte d’un escargot ceinturé par une bedaine.

Aventurier 1Aventurier 2Aventurier face à face

Lorsqu’ils se posèrent, ils découvrirent que de l’intérieur de ce baobab, sur l’axe central relié à la lune, on pouvait entendre d’une part le rythme cardiaque asymétrique de l’arbre et de l’autre, le bruit fugace d’un village souterrain. Ils attendirent en se laissant bercer par ces sonorités feutrées. Puis une fois sonnés les douze coups de minuit, ils y pénétrèrent. Là, ils remarquèrent grâce à leurs lentilles fluo que le ventre millénaire couvert de peintures rupestres était peuplé d’êtres extraordinaires, aux âges très variés, les uns aussi insolites et bizarres que les autres.

Aussitôt, un chant monta du village souterrain et enveloppa les oiseaux pèlerins d’un voile sonore aussi épais qu’une fumée d’énormes caoutchoucs brulés. Ils furent à la fois saisis d’effroi et remplis de frissons.

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Brusquement, leurs yeux devinrent magnifiquement perçants et ils commencèrent à observer, explorer et décrire fascinés, toute cette peuplade d’en bas.
L’Oiseau blanc dit à l’Oiseau noir : « tiens, là, au milieu de la cour, vois-tu le même bigleux de vieillard que moi ? »
En effet, il y avait là un vieillard que tous les mammifères carnivores appelaient « Globe unique ». Le vieillard en question n’avait en effet qu’un seul œil, vitreux, positionné au beau milieu de son front. On aurait dit un extraterrestre, tellement l’agencement de ses organes vitaux était différent et amusant : un nez sous la bouche, bouche elle-même dépouillée de lèvres mais trouée d’orifices qui se soulevaient et se rabaissaient comme pour marquer une respiration saccadée. Elle exhibait des dents multicolores très visibles sur les côtés comme chez les phacochères, tantôt lumineuses, tantôt luminescentes ou en surbrillance. Globe unique n’avait ni cils ni sourcils. Son visage écaillé était allongé vers le bas et également tiré vers le haut ce qui lui donnait –sauf pour la pointe- l’aspect d’une crête de caméléon tournant la tête. Son secret et celui de sa trempe de chef : un deuxième œil flottant qu’il pouvait positionner partout. Le reste de son corps était caché par une grande tunique maintenue au niveau du cou par une fermeture éclair très épaisse. On pouvait à l’aspect de cette tunique deviner d’autres difformités sur son corps, des épaules aux pieds.
Riait-il ? Pleurait-il ? Nul ne saurait le dire ! Toujours est-il qu’à tout calculer, il n’avait vraiment pas l’air de quelqu’un qui souhaitait la visite d’étrangers de sa gente ailée.

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Un peu plus loin, assis sur un tabouret à sept pieds, on voyait un autre être encore plus bizarre que « Globe » avec son œil unique vitreux.
— Hé, regarde sur ta droite, dit Oiseau noir à Oiseau blanc, très loin sur ta droite. Vois-tu ce que je vois ?
Oui, Oiseau blanc voyait ce sur quoi Oiseau noir avait attiré son intention. Une sorte de bélier qui avait la tête à la place des fesses et vice versa. Il avançait calmement à reculons. On ne pouvait pas dire si c’était devant ou derrière car ces mouvements désaccordaient le vent. Son sexe, planté sur son front, avait la forme d’un fouet de cheval, long et ferme, touffu et joufflu, tenu en équilibre par dix boules ovales comme des ballons de rugby positionnés pour un coup franc. Sur certaines parties de ses sabots non fendus, le bélier portait des plumes à la place des poils. Mais ses gros sabots rouges énormes étaient dotés de ressorts puissants qui le faisaient à volonté rebondir, à tort et à travers plus qu’il ne marchait ni ne volait. SAMSUNG CAMERA PICTURES

Les deux oiseaux observèrent ainsi avec fascination d’autres êtres captivants occupés à diverses tâches : le bœuf unijambiste qui jouait au golf avec sa jambe, le crapaud cordonnier drapé dans un joli tablier jaune ou le coq moustachu qui dans son salon de coiffure tressait sur le crâne du malingre varan à la langue fourchue des cheveux rastas très épais. Pendant que le lézard jouait à tue-tête pour des escargots un tam-tam fait de trous d’air et de rameaux tressés.

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Ces derniers, en guise de danse, exécutaient des sauts répétitifs comme s’ils faisaient du trampoline et revenaient tomber sur leur crâne. Alors leurs yeux et leurs tympans jaillissaient de leurs orbites. Ils se donnaient un malin plaisir à les ramasser et à les remettre à leur place en riant aux éclats. Dans le même périmètre commercial on pouvait distinguer, entre autres bêtes, le ver de terre poilu qui chantait du rock’n’roll en servant du café blanc et des jus de fruits bleus et noirs aux clients de sa brasserie. Parmi ceux-là figure, malgré sa longue barbe pleine d’eau une dorade royale, adossée à son sceptre avec une longue pipe accrochée au coin des lèvres. Elle donnait des ordres désespérés à une vache qui poussait des cocoricos, réclamait le silence à un chat qui beuglait à tue-tête ou prescrivait l’éloignement à une mère pintade qui nourrissait au sein son bébé mal nettoyé…

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Un poisson ailé qui avait la forme sublime des « mami water », déesses des eaux profondes, corps de dauphin-tête de femme, se mit à balayer avec une langue en lanières fines toute la poussière et les ordures qui reposaient dans le fond de son tout petit aquarium. Elle jetait à grandes brassées, au-dessus des nuages, toutes les saletés ramassées. Ainsi les ordures, au contact des nuages aspirateurs, étaient emportées loin de sa demeure. Et après cette corvée, le poisson ailé se coiffa les cheveux blonds, remit ses lentilles dorées et se refit une beauté devant son miroir-loupe avec un gros rouge à lèvres très transparent.
Un coq à trois pattes traversa à grande vitesse la place du village portant, attaché dans son dos, un poussin à deux cornes qui pleurait. Il était poursuivi par une poule barbue qui tenait dans la main gauche un rouleau de pâtisserie qu’elle voulait asséner sur le dos du fuyard en criant : « rends-moi notre fiancée ! »
Un autre chat taillé comme un chien de chasse, tenait en laisse un magnifique papillon qui utilisait ses ailes comme des éventails pour chasser les mouches blanches qui se nourrissaient des pustules dégoulinantes de leur maître bossu au niveau du cou, des coudes et de l’arrière train. Le papillon en laisse s’amusait beaucoup à ce jeu-là en se roulant un joint de pétales verts !

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« Qu’est-ce qu’ils sont à la fois beaux et bizarres tous ces êtres d’en bas ! » s’exclamèrent de façon synchronisée nos deux oiseaux migrateurs.
Le chant signalant leur présence monta plus fort encore dans le ciel sonorisé :

“There were two big birds
Sitting on the tree
One named Black bird
One named White bird

Fly away Black bird
Fly away White bird
Come back Black bird
Come back White bird
And sit again on the wall!”

Soudain une inquiétude imprévue se saisit d’eux, fermement.
Juste à cet instant-là un vent terrible se mit brusquement à souffler. Il les souleva violemment et les précipita au cœur d’un puissant tourbillon de cendres et de feux.
Après avoir subi dix, vingt, cinquante, cent tours en l’air, les oiseaux épuisés et étourdis se laissèrent tomber. Abattus et désemparés, l’univers autour d’eux était différent et leur mémoire rentraient désormais en lutte contre l’oubli.
Plus aucune trace de l’emplacement du grand et beau baobab qui leur avait offert non seulement l’hospitalité mais encore le magnifique film du monde d’en dessous, des êtres et de leurs vies si extraordinaires.

Aventurier 3Il ne leur restait alors que le souvenir de certains spectacles mémorisés comme autant de rêves qu’ils ont ensuite raconté à leurs fils, complétant l’un pour l’autre leurs descriptions parcellaires. Leurs enfants à leur tour, l’ont raconté à d’autres enfants oiseaux qui l’ont répété en vol, jusqu’à ce que cela parvienne à nos oreilles. SAMSUNG CAMERA PICTURES

Dans les migrations, certains s’écartent encore des énormes, immenses et indéterminables convois. Ils ne reviennent jamais raconter leurs aventures. Ou mésaventures ! Aussi, les récits ne s’enrichissent plus !
Maintenant, vous savez vous aussi que ce monde parallèle existe. Cherchez-le à votre tour. Allez voir ailleurs, cherchez le baobab et tous les arbres millénaires qui cachent si bien leur jeu et leurs secrets et revenez-nous, chargés de récits nouveaux. Peut-être que vous aurez plus de chance que les autres de vous souvenir de tous les détails !

“There were two big birds
Sitting on the tree
One named Black bird
One named White bird
Fly away Black bird
Fly away White bird

Come back Black bird
Come back White bird
And sit again on the wall
And show us another world”

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Conte à méditer – Voyage 4 – C’est moi, ton autre toi-même ?

 

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Alors, il se dépêcha de reprendre le chemin à l’envers à la recherche de tous les raccourcis possibles.
Il mit, bien évidemment, moins de temps au retour qu’à l’aller !
Quand enfin il arriva chez lui, la serrure du portail principal avait été changée. Il frappa très fort à la porte. Si fort que son épouse finit par lui répondre :
• C’est qui ?
• Comment c’est qui, rétorqua-t-il ? Tu ne reconnais pas ma voix ? Je suis Kpékpédékpéssu Kalétomevonawo ! (Ce qui signifie le combattant qui n’a pas de peur)
Un long silence s’en suivit. Mais elle n’ouvrit pas !
Il pensa au papillon.
Alors il cogna de nouveau à la porte mais un peu moins fort cette fois-ci.
Sa femme lui demanda à nouveau depuis l’autre côté de l’entrée :
• C’est qui ?
• Mais dis-donc c’est moi ton mari, le père de notre enfant !
Un long silence s’en suivit mais elle n’ouvrit pas non plus !
Il pensa aux étoiles de mer.
Mais comme la porte restait toujours fermée, il frappa une troisième fois. Cette fois-ci, tout doucement, comme une caresse.
Et là encore, sa femme lui demanda :
• Mais c’est qui au juste ?
Un long silence s’en suivit. Il répondit alors :
• C’est moi, ton autre toi-même !
En pensant à Socrate !
Et là enfin, elle lui ouvrit.
Ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre.
Voyant ses parents aussi câlins et amoureux, leur enfant sourit et guérit aussitôt à moitié.
Le reste du processus, ils le firent à trois, comme des papillons dans leurs cocons, comme des étoiles de mer échouées à qui l’on donne une chance de survie, comme des amis qui ne veulent entendre dire des uns et des autres que ce qui est vrai, bien et utile, en évitant toutes chamailleries inutiles !
Voici-voilà ! L’histoire est finie. Que chacun y pioche ce qui lui convient !

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Conte à méditer – Voyage 3 – Socrate pour rebondir

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À sa troisième étape, un homme à la barbe blanche et aux cheveux grisonnants lui sourit depuis la croisée d’un chemin, en laissant entrevoir quelques dents de couleur indéfinissable. Après s’être confié à ce dernier sur les problèmes qui l’ont chassé de chez lui sur ces chemins de souffrance qui se révèlent instructifs, le vieil homme lui dit :
Ecoute mon fils :

« Un jour, quelqu’un vint voir le grand philosophe Socrate et lui cria :
• Accorde-moi quelques minutes pour que je te raconte ce que je viens d’apprendre sur ton meilleur ami ?
Un instant répondit Socrate, j’arrive. Mais avant, rassure-moi : As-tu soumis ce que tu viens d’apprendre à l’épreuve des trois tamis ou des trois filtres ?
• Quels tamis, quels filtres ? demanda l’autre.

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• Le tamis de la vérité, de la bonté puis de l’utilité ! J’aimerais savoir si ce que tu viens me raconter a été ainsi filtré !
• Concernant le premier tamis, je ne peux pas t’assurer que c’est la stricte vérité puisque les propos m’ont été rapportés.
• Il aurait fallu que tu le vérifies toi-même ! Mais passons dit Socrate, est-ce qu’au moins, ce que tu viens me dire est bien ? S’y dégage-t-il de la bonté et de la bienveillance ?
• Mais Socrate, justement si c’était bien et bon, je ne viendrais pas en courant pour te l’apprendre. C’est parce que ce n’est pas du tout bon pour toi que je suis là !
• Je vois. Tu en as décidé ainsi de toi-même ! Mais dis-moi, au final si ceci n’est ni vrai ni bon, est-il au moins utile pour mon ami ou pour moi ?
• Là aussi, répond l’apprenti cafteur, je ne sais pas si c’est vraiment utile. Dans tous les cas, j’ai entendu dire ces choses et je pensais les transmettre légitimement à toi, le premier concerné !
• D’accord dit Socrate, je comprends bien que tu veuilles me rapporter quelque chose dont tu n’es pas sûr qu’il soit vrai, ni bien, ni utile ? Dans ce cas, dans quel intérêt vouloir vraiment me le dire ? Je préfère ne rien savoir et je te prie toi-même de l’oublier le plus tôt possible. Car, si tu avais toi aussi un bon ami –chose déjà assez rare dans ce monde- aurais-tu aimé que quelqu’un vienne te raconter sur lui quelque chose qui n’a pas subi l’épreuve des trois passoires ? »
Son interlocuteur conclut en disant : Ce qui ici est valable pour les mots doit l’être pour les actes ! Va et sois dans la vérité, dans la bonté et dans l’utilité pour toi-même et pur ceux que tu aimes ! Sur ces mots, il le congédia d’un geste discret de la main.

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Maintenant il décide de retourner chez lui l’esprit enrichi par ces histoires, témoignages d’une grande philosophie de la vie. Il voyait d’ailleurs nettement plus clair au fond de lui et réinterprétait autrement le conflit qui l’opposait à son épouse, à sa famille.

 

Lire la suite et la fin dans le prochain épisode

Conte à méditer – Voyage 2 – Des étoiles de mer à Socrate

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Dans le cas d’espèce, jamais il ne vécut réellement. Et pourquoi ? Parce qu’une âme compatissante qui croyait bien faire n’a pas su lui laisser le temps de boucler le processus de renforcement de ses capacités propres ! » conclut le sage.
Un morceau partagé, une noix de cola rompue et il continua son voyage en méditant les propos entendus.

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Conte à méditer – Voyage 1 – Des papillons à Socrate

 

???????????????????????Des papillons à Socrate… 

Voici un couple qui se querelle, se bagarre, se chamaille, s’insulte… à longueur de journée pour de multiples raisons que nous n’avons pas le temps de développer ici. Parmi elles, il y en avait une qui tournait spécialement autour de leur unique enfant, très malade. Le père accuse la mère d’avoir transmis à leur progéniture une maladie génétique familiale. La mère accuse le père d’avoir cédé à toutes les tentations destructrices, les boissons, les cigarettes, les drogues, à s’affaiblir et à se détruire. Bref, chacun incrimine l’autre d’être le responsable de la maladie de leur enfant à coups d’arguments massues et d’exagération pour tenter d’alléger sa propre culpabilité.

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