AZIZA*, ESPRIT DE GÉNIE !

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Aziza est connu et désigné comme un génie pygmée des forêts de l'Afrique de l’Ouest surtout au Bénin, au Togo et au Ghana. Il doit être connu sous d’autres noms ailleurs en Afrique, comme c’est le cas de mami water. On lui prête beaucoup de force malgré sa petitesse, d’immenses pouvoirs et puissances spirituels et au-delà de tout, une capacité de dissimulation hors pair.

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107Aziza, esprit clairvoyant des abîmes touffus
Ni tes pieds, ni tes mains n’ont laissé de traces
Dans les sentiers joufflus des buissons entremêlés.
Sans outil, coupe-coupe, torche ni luciole de nuit,
Ton corps et ton génie ont franchi les contrées tressées
Sentiers de peurs enfermés dans l’obscurité diffuse
Que seuls fréquentent les anges déchus à minuit
Qui ont accès à l’inaccessible royaume des esprits.

15Aziza, ta légende nourrit le chant des éphémérides.
Sur les supputations de ton destin à jamais fourvoyé
Une foule de mystères brode une épopée ancestrale
Thuriféraire de ton passé, exégète de ton être contesté
On dit discrètement dans les chaumières abandonnées
Que tu sais compter les nervures de toutes les feuilles.14

Dans les sols humides des fonds des bois pourris
Dans la forêt boueuse ou sur les collines dégarnies
On soupçonne les traces de tes vertueuses prouesses,
Tes coups de griffes, tes minuscules fagots disparates.
On imagine laconiques tes cris, tes silences de plomb.
D’aucuns chuchotent les secrets liés à ta petite taille,
Ta fréquentation ésotérique des plantes guérisseuses,
Ta connaissance intelligente des secrets de la nature,
Vantant à tout va ta clairvoyance doublée de sagesse.

13D’autres clament sous cape la fureur de tes colères.
Tes sauts et tes coups de rage pour gifler les géants,
Punir ceux qui de toi se moquent, honnir les insolents,
Ceux qui guettent ta part humaine, te voient de travers
Cherchent à percer le secret de cette vie que tu caches,
Déchiffrer un peu la force de ton souffle si particulier.22

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Pour tous, tu restes le mystère des abîmes inconnus.
Image des signatures multiples accordées à tes actes.

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Aziza, connaisseur des plantes et de la phytothérapie
Médecin de la forêt, grand hôpital des bontés divines
Souvent nos sages fréquentent ta pharmacie à l’aube,
Quand la nuit qui porte conseil guide leurs pas avertis.
On dit, depuis la nuit des temps, tes exploits sans limite

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Fièrement, tu remets au serpent la feuille qui ressuscite
Et fais échec à la mort qui avait opéré son prélèvement.
Dès lors, grenouille et son mari crapaud, pour tes soins
Sollicitent ton secours par un code discret, confidentiel.

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Ta réponse déroute. Le curieux guerrier aux aguets blêmit.
Tu recueilles cette eau pure du creux de l’iroko centenaire,
Stockée là par tes soins, avec la clémence d’un ciel averti.
Un cortège de plusieurs vents bavards escorte tes sorties
Et par leurs puissants souffles, ils astiquent ton passage
Purifient les sentiers, dissipent tes traces les plus visibles
Pour rendre anonyme ta légitimité sur cette place haute.

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Invisible aux hommes, flair et iris éteints, ouïes brouillées
Aziza, dans ton errance mythique à l’abri de tous dangers
Tu visites notre courage en nouant nos tripes embarrassées.
Les rares élus de ton prodige nous reviennent tout changés
Une conscience lucide alors inouïe, décuple leur force vitale.
Dépossédés du voile du passé, cordon ombilical de survie
Ils rejettent leurs souvenirs. Ils en ont perdu les empreintes.
De tes dons ils proclament les bienfaits, honorant ton école.

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De leurs bouches sort désormais le mot qui décharge et guérit
De leurs mains, la recette qui soulage et congédie la maladie.
Le plus courageux d’entre eux, je l’ai bien connu adolescent
Se faisait enterrer trois jours et trois nuits sans boire ni manger
Pour témoigner de son initiation à la respiration inutile, vaine.

 

Qu’advient-il de ceux que tu as choisi et qui n’ont pas été élus ?
De ceux qui t’ont suivi et qui se sont révélés indignes et creux ?
Avec quelles paroles évidées et distractives nous les renvois-tu ?
Comment arrivent-ils, mystificateurs, à se fondre dans le collectif,
Claironnant de leurs voix fortes l’ivraie qui sonne si juste à l’oreille ?

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Initiés réussis et errants renvoyés reconnaissent ton ordination
La puissance de ta consécration, tes prodiges et autres bienfaits.
Sur ce socle solide Aziza, se fonde la croyance en ton existence.
Mais des mystères restent entiers, alliance du flou, de l’incertain,
Sans issues de secours. Et sans aucune ombre d’un savant doute.

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Croire ou pas à tes aptitudes et vaillances, là n’est pas la question !
Existes-tu vraiment ? Si pur et si flou ? Comment te tirer au clair ?

Aziza, esprit ou génie, reste ce que tu as toujours été : volatil !
Vols tactiles, conscient – inconscient, futé – funeste. Intangible !

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*Aziza : ses territoires sont géographiquement délimités par de petits fagots de bois, reconnaissables par la façon spéciale dont elles sont disposées. Les traces de ses empreintes une fois reconnues disparaissent mais celui qui les a aperçues est définitivement envoûté. Il doit les suivre. Il n’a plus que ça à faire ! Aziza a ainsi, selon les légendes, la capacité d’enlever des chasseurs les plus aguerris ou encore les bûcherons les plus téméraires qui s’aventurent sur ses territoires protégés, souvent  au cœur le plus sombre de la forêt. Il dispense ensuite à ses captifs d’exceptionnelles connaissances et les instruit en phytothérapie. Une fois libérés, il les transforme en grands guérisseurs dotés du pouvoir de converser au moins avec les plantes. Sinon plus !

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LA BOSSE SECRÈTE DES ARBRES

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À l’adage « Demain sera meilleur » nous répondons, ici et maintenant: « Si vieillesse savait, jeunesse pourrait ! »
Combien de fois, depuis des décennies, nos arrière-grands-parents et de nos grands-parents, voire nos parents pour les moins jeunes d’entre nous ont dit : « Courage, ça va s’arranger avec le temps ?»
Et rien ne s’arrange avec le temps. Au contraire, ça empire !
Selon l’Observatoire des inégalités en date du 7 juin 2013 – Moins de 10 % de la population mondiale détient 83 % du patrimoine mondial, alors que 3 % vont à 70 % des habitants. L’Amérique du Nord et l’Europe en possèdent 65 %.
Selon l’édition économie du journal Le Monde en date du 19 janvier 2015 80 personnes se partagent le même montant de richesses que 3,5 milliards autres soit la moitié de l’humanité et selon les mêmes sources la richesse cumulée des 1 % les plus riches de la planète dépassera bientôt celle détenue par les 99 % restants.

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Derrière ces chiffres se cachent des Africains, des Afro-américains, des Latinos, des chinois et autres indiens. Et aussi pire encore, des réfugiés climatiques, économiques, politiques, des réfugiés de guerre sont à présent légions dans le monde. Avec leur lot de souffrances inimaginables, manque d’eau pour désaltérer enfants et vieillards, conditions d’hygiène exécrables. Tous n’ont même pas un repas déficient par jour, exposés ainsi à plusieurs forces d’exploitation et au harcèlement sexuel, au viol de dizaines de milliers de personnes.

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Ceux-là payent le prix fort et pendant ce temps les riches s’empiffrent et se détournent complètement de la misère des pauvres. Inconnus dans leur subconscient alors même qu’ils sont fabriqués par leurs œuvres : vente d’armes, de médicaments, manipulations des bourses, contrôle des marchés des biens de premières nécessités en commençant par l’eau et la nourriture. Qu’ils sachent que leur cupidité enrichit et aggrave l’insécurité mondiale.

Nos vies individuellement sont truffées de problèmes, de souffrances, de diverses douleurs, de petites et de grandes déceptions, d’incompréhensions notoires et de gros stress.
Avant d’arriver au bout du rouleau, il y a quelque chose à faire, toujours. Pour ce qui nous concerne aujourd’hui, il existe un petit secret, je vais vous en révéler un bout. Vous trouverez d’autres bouts de vous-mêmes ! Je l’ai expérimenté avec succès. Pour preuves les photos jointes à cette révélation. En voici l’histoire.

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Dans les temps anciens vivait par ici un homme qui s’appelait Kpékpédékpessu, Né nyo né nua yé wo gbana ne dé gé mé !
« C’est seulement quand la bouche est débordée que la barbe et la moustache sont servies ».
Ne me dites pas que ce nom est long ! J’en ai connu d’autres de la même trempe comme Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga, né Joseph-Désiré qui signifie « Mobutu le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne puisse l’arrêter » encore surnommé « Le Léopard de Kinshasa ».
Kpékpédékpessu était connu pour être le souffre-douleur de tous ceux qui portaient un chagrin quelconque.
Chaque fois que le poids des souffrances des uns et des autres le terrassait, rendant ses pas lourds, son dos bossu, son cou tordu, son esprit opaque et obtu, il venait dans le parc rechercher un trio d’arbres sacrés. Il touchait ces arbres à tour de rôle dans l’ordre et dans le désordre puis puis il les caressait avec précaution et respect. Il en faisait le tour, une, deux, trois fois. Puis après, il se dressait et faisait une prière ésotérique pour savoir lequel des arbres lui souriait le mieux et ainsi faire corps avec lui.
Et là, il s’imaginait dans la peau d’une petite bestiole collante ou rampante : une chenille ou un scarabée ou même un reptile.
Korobozi ! Koroboza !

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Il se mettait alors dans le cocon de l’insecte. Et dans ce cocon, il déposait toute la tristesse, toute la souffrance, tout le mal être qu’il avait transporté avec lui. Il y mettait toutes les douleurs, toutes les peines et toutes les lourdeurs de la vie.
Tout doucement, trop lentement, très longuement, il se débarrassait. Et ça prendrait le temps qu’il fallait. Puis il faisait une petite, toute petite ouverture dans le cocon. À travers cette ouverture s’infiltrait un rayon de lumière. Une langue du soleil. Et Kpékpédekpéssou nouait son cordon ombilical avec le rayon du grand astre. Alors, alors seulement, il s’extirpait avec de nouvelles sensations, une énergie renouvelée, la conscience ferme et absolue que quelque chose de mystérieux venait de se produire. Une sorte de mue, de desquamation. Un renouvellement de l’être. Son poids était tombé. Son poids était accroché.
Il venait de suivre le chemin de la transformation, de la guérison.
Marchant sur le filet de lumière qui s’était installé, il se sentait léger, presque volatile. Aussitôt, il était envahi par un immense plaisir, celui de se régénérer dans la légèreté absolue.

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Korobozi ! Koroboza !
Alors, Kpékpédékpessu revenait à lui.
Petit à petit, il se détachait de l’arbre.
Il prenait conscience réellement de cette légèreté, de cette guérison. . Il pouvait partir en paix sans se retourner.
Plusieurs fois, il s’était prêté à cet exercice et le mystère s’était toujours réalisé.

Korobozi, Koroboza !
À présent, regardez bien tous ces arbres ! Observez-les bien et vous verrez qu’ils portent des bosses comme des dizaines et des centaines de cocons abandonnés. Certaines de ces bosses sont petites, d’autres grosses. Certaines sont basses, d’autres très hautes. Oui, ce sont des traces laissées par plusieurs Kpékpédékpessu.
Et ils restent encore de la place pour que chacun de nous vienne y laisser une bosse voire plusieurs bosses. Traces témoins de peurs, de négligences, de soumissions interminables, de trahisons, de mensonges, de mesquineries et autres incompétences notoires.

Tronc d'arbre 1Avec quel message ressort-on de là ? Si nous sommes pauvres, malades, et impuissants et que nous pensons que c’est par déterminisme, programmation divine, fatalité et autres coups du destin ficelant définitivement nos desseins. Alors prier matin, midi, après-midi et soir, toute la nuit n’y changera rien !
Pourquoi sommes-nous si impuissants et si peureux disons même imbéciles ?
Parmi les riches, il y a ceux qui ont travaillé dur pour en arriver là, on peut les compter sur les doigts des pieds ! Mais la plupart sont rentiers ou exploiteurs, voleurs et parfois dictateurs-pilleurs. Il faut élever et ériger contre eux tous des barrières de moralité et de transparence. Point en l’air, cœur vaillant, même pas peur !

P1060802N’oubliez jamais ce secret. C’est celui des bâtisseurs de l’ombre, des travailleurs sans salaire, des exploités sans reconnaissance, des initiés, ceux qui ont fait le voyage des trois continents : de l’Afrique à l’Amérique et de l’Amérique à l’Europe. Ils sont dans la chapelle avec ou sans autel, la cathédrale en pierre ou faite de séquoias géants. Ils sont dans les arbres sacrés centenaires, témoins muets des petits et grands secrets.
Gardez ce secret et profiter de vos matins, midis et soirs, trois fois en joie et avec bonheur. Chants mystiques et transes seront bienvenus. Ainsi va la vie !

Hellu !
Hellu lo ! Hellu sé !
Hummmm ! hummmm ! Bléwuué é, bléwuué é
Bléwuué mia gakpéloo, bléwuué mi aga kpélo blé wu…

P1060800Pain des singes