Voici un couple qui se querelle, se bagarre, se chamaille, s’insulte… à longueur de journée pour de multiples raisons que nous n’avons pas le temps de développer ici. Parmi elles, il y en avait une qui tournait spécialement autour de leur unique enfant, très malade. Le père accuse la mère d’avoir transmis à leur progéniture une maladie génétique familiale. La mère accuse le père d’avoir cédé à toutes les tentations destructrices, les boissons, les cigarettes, les drogues, à s’affaiblir et à se détruire. Bref, chacun incrimine l’autre d’être le responsable de la maladie de leur enfant à coups d’arguments massues et d’exagération pour tenter d’alléger sa propre culpabilité.
Un matin encore, après une nuit de chamailleries, de disputes interminables, d’incompréhensions et de colères intenses de part et d’autre, la femme, sûre de son fait, prépare à son homme un petit baluchon et le jette dehors en lui intimant l’ordre de ne revenir qu’avec la réponse à la question : Qui suis-je pour toi ? Qui es-tu pour moi ? » Car dit-elle : « je serais partie, moi, si j’avais une parcelle de soupçon que tu peux t’occuper seul de notre enfant.
L’homme quitte la maison, puis le village, la tête baissée, les yeux embués, la gorge serrée, perdu dans ses pensées et ne sachant pas du tout quel chemin emprunter.
Il ne le sait pas encore mais ce départ précipité, ce voyage imprévu, cette perte de repères et cette marche vers l’inconnu, vers le néant vont se révéler à lui comme un magnifique mais éprouvant parcours initiatique.
Il va là où le vent l’entraîne. Et durant cette pérégrination, il fait trois grandes rencontres exceptionnelles pour quelqu’un qui ne suit ni lignes droites ni lignes courbes mais qui bourlingue selon une logique du hasard et des aléas du temps. Cette chance, il ne va en mesurer la portée que plus tard !
Pour l’instant, le premier sage qu’il rencontre sur le premier carrefour et à qui il expose sa situation lui répond ceci.
Écoute mon fils :
« Un jour, une personne très attentionnée vit un papillon en train de lutter pour se libérer de son cocon. Voulant l’aider, il écarta avec beaucoup de douceur et d’habileté les filaments qui l’enveloppaient pour le dégager et libérer par ricochet l’ouverture du cocon. Pour le faire, il prit son temps et usa d’une infinie délicatesse.
Le papillon ainsi libéré, sortie de son cocon et battit des ailes. Mais malheureusement, il lui fut impossible de s’envoler !
Cette personne compatissante ignorait que c’est seulement au travers du combat pour la naissance que les ailes des papillons peuvent devenir suffisamment fortes pour permettre à ces fragiles et délicats insectes de prendre leur premier envol.
C’est ainsi que, malgré sa grande bonté, sa générosité et toute sa délicatesse, l’homme venait de compromettre l’avenir du papillon. Sa vie désormais raccourcie, va se dérouler sur terre, exposée à tous les prédateurs. Alors qu’initialement il est un être programmé pour s’élever !
Une version de la même histoire se trouve sur le blog suivant: http://blogs.psychologies.com/le-blog-de-lillyth/contes-ailleurs-14037/parabole-papillon-118833.html