J’écris pour ne pas dormir
Pour le silence ne pas penser
J’écris pour filer la liberté
J’écris pour que le temps reste infini
Pour ne pas devenir dissolu
J’écris et je crie, ainsi je vis
Dans les couleurs arc-en-ciel du rêve
Transport lointain, aérien et céleste
Seul billet pour voler si haut et si loin
Un bon couchage et plein d’oreillers
La dureté de l’insomnie défie l’heure
Interne à soi et à la nuit, du dépit,
De l’isolement, de la pitié, de la piété
La montre, sans impact sur ses aiguilles
Pour ma galère, sans état d’âme, affiche
Péremption, assiduité et mépris total !
Impossible de tout remémorer
Du passé, des faits, des fruits
Les mots en cavale, oh les vilains
Qui ont peur de la psychiatrie,
Du divan ou de l’échafaud
Mort lente ou à la guillotine,
La nuit on dort pour mourir
Un peu, un tout petit peu !
Sinon, chut, on vit à peine trop
Gracile et fragile, volatil et errant
Un roseau au cerveau impromptu
A soudain tuer le temps et les dates
Et les tuant ainsi se tuer soi-même.
Un symptôme dans l’air du temps :
Tuer le temps avant qu’il ne vous tue.
Pas de trauma face à cette vérité
Violente mais sans relent du sang
Point à la ligne. Oh, pas compliqué !
On ne va pas y passer toute une nuit.
Pas de fuite, pas de géographie
Côtoyer humanité et animalité
Forêts, foules, jardins, météo
Tout y passe sans visa aucun
Goût de liberté dans la bascule
Du pti souffle aux lents ronflements
Vers l’ignorance, l’incontrôlable
Des sites inconnus et merveilleux
Qui mettent de la magie dans tes yeux
Et la conscience irréelle que là, à présent
Sans dormir, tu commences à rêver.
Voudras-tu faire attention, te maîtriser ?
Impossible. On ne saisit pas le vent, le vide.
Les rêves sont fous, utopies et illusions,
Ils sauront vite t’abandonner pour de bon !
C’est que dans le moule tu es bien rentré
Encastré, enchâssé, émasculé, vaincu,
Pour le reste, dors, souffle, ronfle, bruisse
Et surtout tais-toi ! Pas un mot : t’es inaudible !
