Badinage, à mon âge ? Badi nage dans ses mensonges – Récit 1

Récit 1

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Le vieux Badi, les cheveux gris et la barbe toute blanche que nous voyons là, est le père de neuf enfants et le grand-père de vingt-sept petits-enfants.

Les neuf enfants sont sortis du ventre de la même mère. Le père Badi n’a jamais été polygame contrairement aux rumeurs qui courent sur les familles nombreuses.

Badi, vigoureux jeune homme, fut engagé dans le Golfe de Guinée, il y a longtemps, très longtemps de cela, pour travailler sur un bateau français comme matelot.
Le mal de mer, il connaît ! Le travail durant des heures impossibles et très décalées, il en avait subi à l’époque. Les réveils tonitruants par une sirène déclenchée en pleine mer pour le plaisir, il en avait supporté plusieurs.
C’est ainsi que, de côte en côte, pour le compte de l’armateur, ils ramassèrent des richesses énormes et variées. Ici de l’hévéa, là du bois d’ébène, là-bas des défenses d’éléphants, et de l’autre côté quelques pépites de diamant brut et aussi de l’or…
Le bateau débarqua un jour à la Rochelle en France, après plusieurs mois d’achats certes, mais surtout de vols et de pillages.
A partir de ce moment, son destin fut tout tracé.

C’était l’époque où il y avait du travail pour tous. Où la vie n’était pas si chère. Où les femmes faisaient encore librement beaucoup d’enfants en se projetant dans des lendemains qui chantent. Une vie est une aventure faite de plusieurs histoires !

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Le vieux Badi, les cheveux gris et la barbe toute blanche que nous voyons là, est le père de neuf enfants et le grand-père de vingt-sept petits-enfants. Le vieil homme a travaillé toute sa vie durant. Si on devait appliquer l’expression « métro, boulot, dodo » ou « transport, travail, torpeur » à quelqu’un, le vieux Badi, la porterait comme un gant.
Mais, le vieux se sent désormais un peu fatigué. Il a envie de rentrer chez lui, pour enfin profiter du soleil et de l’été permanent. Il espère vivement qu’au moment de rendre son dernier souffle, ce soit sur les terres qui l’ont vu naître, afin que ses ancêtres et ses aïeux puissent le récupérer aussitôt.

Aujourd’hui, Grand-père organise une très grande fête. Autour de lui, ses enfants et ses petits-enfants. C’est la fête de l’au-revoir. Il a mis les petits plats dans les grands pour que tout le monde se sente à l’aise, pour que chacun mange à sa faim et boive à sa soif.
Maintenant le repas est terminé.
Les enfants n’ont pas arrêté de courir dans tous les sens, de crier, de se taquiner, de se chamailler..
Les adultes s’invectivent autour d’une tasse de café, de thé ou de citronnelle.
A présent les enfants s’organisent autour de divers jeux. Pour meubler le temps, le jeu le plus important suggéré par les adolescents exigeait que quiconque serait pris en flagrant délit de mensonges soit obligé de raconter une histoire pour se dédouaner.

IMG_0193Grand-père, une pipe bien bourrée aux lèvres, annonça à tout le monde qu’il avait l’intention de se reposer un peu. Juste une petite sieste, pour se remettre de la fatigue liée à son âge. Il prévenait à la ronde, afin qu’on le laissât tranquille pendant un moment. Puis, il alla s’installer dans son solide hamac en toile de jute, si confortable, où il s’était toujours senti en apesanteur. Il posa sur le côté sa badine magique. C’était une mince et souple baguette qu’il tenait souvent à la main, et qui servait à tout et à rien. Une badine pas anodine ! En fait, et c’est là un secret que personne ne doit répéter, Badi avait quelques pouvoirs magiques volés aux sorcières. Il a su les matérialiser et les enfermer dans cette badine anodine, que seuls les yeux avertis savent déceler.

Ne dit-on pas que « seul le vieux initié entend l’éjaculation du criquet ? » Le bois de cette badine, portait des dizaines d’encoches qui marquaient d’importants souvenirs des sollicitations spéciales que son propriétaire lui avait adressées. Badi menaçait souvent les enfants avec la badine mais ne les frappait jamais !

Le vieux Badi avait-il à peine fermé les yeux que le téléphone sonna. Pas une sonnerie douce qui invitait à prendre le temps de décrocher. Non ! Une de ces sonneries stridentes, agaçantes qui donnent envie de se précipiter sur le téléphone pour mettre fin à la torture du tympan.

 La suite au prochain chapitre qui sera le « récit 2 »

 

Publié par

Rogo

Mon parcours initiatique Doctorat de Lettres et Sciences Humaines, option Littératures comparées, Université de Paris X, Nanterre. J’ai été animateur culturel, journaliste, formateur, enseignant, consultant, médiateur interculturel… Autant de chemins qui font aujourd'hui le chercheur, l’écrivain et le conteur ! Depuis une douzaine d'années...

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